Historique
Du milieu des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990, il y a eu sur Bordeaux une grosse mouvance antifa qui regroupait des redskins, des punks, des autonomes, des étudiants et des gens issus des différentes scènes rock, mais également des militants kanaks, à ce qu’on m’a raconté (j’ai commencé à militer vers la fin des années 1990). Ce milieu n’était pas forcément structuré, c’était plutôt une mouvance informelle qui se regroupait sur la question de l’antifa. Il y avait évidemment des manifs ou des contre-manifs, des actions de rue et pas mal d’autodéfense par rapport aux fafs.
Vers le milieu des années 1990, le travail antifa devient plus un travail de veille et de prévention avec la disparition de l’extrême droite radicale bordelaise, à savoir la section Blood & Honour (qui fut active mais assez éphémère, hé hé hé…) et le Gud sur la fac ; le FN sur Bordeaux, quant à lui, a toujours été principalement composé de notables ou de « militants de salon », absents sur le terrain.
Aujourd’hui, la scène antifa est assez jeune, composée aussi bien de garçons que de filles, avec des étudiants et des lycéens, pas mal de gens issus de la CNT-FAU locale, du milieu redskin-skinhead antifasciste très important sur Bordeaux, du stade (ultramarines, devils et partisans 33), de la scène anarcho-punk et des milieux militants libertaires et communistes.
Depuis un an, l’extrême droite fait sa réapparition sur Bordeaux, même si pour l’instant, ça ne se traduit pas encore par une présence massive dans la rue. On a plutôt une extrême droite de notables, qui cherche à taper large et à passer des alliances. Si l’on compare à d’autres villes en France, il n’y a pas d’attaques de fafs sur des lieux ou des concerts militants.
En 2002, les JI ont tenté de monter une section sur Bordeaux mais le milieu antifa a très vite réagi pour éviter que cette structure se développe. Ça a été rapide : il faut dire que les militants des JI étaient jeunes, sans formation militante. C’est assez différent aujourd’hui avec le Bloc Identitaire sur Bordeaux, qui a plus d’expérience et plus d’argent.
On retrouve des anciens du FN qui ont pas mal de connaissances et d’années de militantisme derrière eux.
Pratiques antifas
Le travail antifa à Bordeaux est assez classique : concerts, manifs et rassemblements, tracts, travail de recherche d’infos et d’analyse pour savoir qui on a en face de nous… Ce travail est réalisé aussi bien par des militants qui viennent de la CNT, du NPA que des anciens de RLF Bordeaux.
Il n’y a pas de site, de revue ou de fanzine spécifique sur la question de l’extrême droite à Bordeaux, même si plusieurs fanzines issus de la culture redskin relaient l’information : Shaven Republic, BRA ou dernièrement Nuestra Cultura. Mais comme je l’ai déjà expliqué, c’est plutôt un réseau avec souvent les mêmes personnes. Cette situation s’explique par une relativement faible activité de l’extrême droite sur Bordeaux, surtout si on la compare avec d’autres villes. Cependant, il est clair que la répression a franchi un cran, on l’a tous senti.
Après, je n’arrive pas à me rendre compte du niveau de radicalité de nos actions ou de nos manifs actuelles par rapport au passé. Par exemple, la manif contre la venue de Soral sur Bordeaux le samedi 18 avril a été hyper calme, il n’y a pas eu une canette qui a volé.
Donc pour l’instant, on ne se pose pas vraiment de restrictions sur nos types d’actions, on attend de voir.
Difficultés
N’importe qui peut sans problème se balader n’importe où dans la ville avec des badges antifas. Au niveau des concerts, c’est la même chose, quelque soit la scène (oi !, hardcore, métal, black-métal…), les gens sont vigilants, et il n’y a aucune tentative d’infiltration de la part des fafs. Les mecs sont rapidement grillés et exclus de la scène. On peut également dire la même chose au sujet du milieu scootériste ou du stade, qui est clairement antifa.
Ça s’explique tout d’abord par une forte présence de militants et sympathisants antifas sur la ville, où tout le monde se connaît et surtout où l’information circule vite. Ensuite, la plupart des militants d’extrême droite n’habitent pas Bordeaux, ce qui complique pour eux le travail d’implantation. La majorité des militants d’extrême droite vivent à la campagne et/ou n’osent pas trop venir sur Bordeaux. Beaucoup d’entre eux sont de Libourne (à 35 km de Bordeaux). Mais il faut quand même rester sur ses gardes… On l’a vu dernièrement avec les réunions-prières de SOS-tout petits.